Comment un traumatisme se transmet de génération en génération
Contenu fourni par l’association Native Hope*, partenaire de l’École indienne St Joseph aux États-Unis
Il y a des doutes et des conversations qui se jouent souvent dans la tête de ceux qui souffrent de blessures psychologiques et émotionnelles.
« J’exagère peut-être. Pourquoi dois-je faire un drame de ce qui s’est passé ? Je devrais être capable de dépasser ça. »
» Ce n’est pas comme si mon enfance était AUSSI mauvaise que cela, ça aurait pu être bien pire. «
« Ce qui s’est passé était ma faute de plusieurs façons. J’aurais dû être plus fort, plus prudent, moins dans le besoin, etc. Je devais le mériter. ”
Ce genre de pensées et bien d’autres, traversent l’esprit de ceux qui ont été blessés par des abus, de la toxicomanie, des traumatismes et une négligence affective ou physique.
Ces pensées sont des mensonges. Ce sont des mensonges que nous nous racontons sur notre propre histoire. Une des choses les plus tragiques que nous nous infligeons à nous-mêmes est de mettre en doute nos propres maux et blessures. Dans cet article, nous examinons comment les traumatismes se transmettent de génération en génération, pourquoi il est si difficile de se libérer des schémas familiaux destructeurs, et comment vous pouvez intégrer votre histoire pour trouver la guérison.
Tous les Amérindiens subissent le lourd fardeau d’un traumatisme historique
Le Dr Maria Yellow Horse Brave Heart définit le traumatisme historique comme « le traumatisme affectif et psychique cumulé survenu au cours de sa vie et de génération en génération à la suite de pertes de vies humaines, de terres et d’aspects essentiels de la culture ».
Ce n’est un secret pour personne que le fardeau des traumatismes historiques pèse lourdement sur les populations amérindiennes. La pauvreté, la violence, la santé précaire, le suicide, le chômage, la toxicomanie et le désespoir dans de nombreuses communautés amérindiennes sont des symptômes évidents du chagrin et de la douleur non résolus causés par le génocide.
Mais peut-être vous êtes-vous demandé comment revendiquer un traumatisme historique ? Peut-être vous battez-vous, vous aussi, contre vos blessures et des schémas que vous souhaiteriez pouvoir changer ?
Chacun d’entre nous est responsable de ses actions et de ses choix, oui. Mais il est important de comprendre contre quoi nous nous battons, quelles parties de notre vie nous n’avons pas choisies et ne pouvons pas contrôler pour vivre dans la liberté, la paix et l’espoir.
Épigénétique : comment la biologie contribue aux cycles du traumatisme
Alors, comment se fait-il que les expériences de vos parents, grands-parents et arrière-grands-parents soient si importantes dans votre vie actuelle ? Comment vivre avec une douleur que vous n’avez pas vécue personnellement ?
L’épigénétique, domaine émergent de la science, explore la question complexe de la transmission des traumatismes de génération en génération.
L’étude de l’épigénétique – l’expression de gènes – a montré un nombre croissant de « preuves au niveau cellulaire que de puissantes conditions environnementales stressantes peuvent laisser une empreinte ou une ‘marque’ sur l’épigénome (matériel génétique de la cellule), qui peut être transmise aux générations futures avec des conséquences dévastatrices. »
En d’autres termes, les facteurs de stress subis par une mère pendant la grossesse ont des conséquences sur l’enfant. La façon dont elle mange, la façon dont elle dort, la présence ou l’absence d’hormones du stress dans son système, tout cela affecte son enfant. Un bébé dont la mère est stressée a plus de difficultés à réguler et à gérer ses propres réactions au stress plus tard dans la vie. Les bébés peuvent naître avec une prédisposition au diabète, à la dépression, à l’anxiété, au syndrome de stress post-traumatique et à des comportements de dépendance, simplement à cause des facteurs environnementaux liés au ventre de leur mère.
Comme l’explique Judy Bluehorse Skelton, professeure adjointe à la Faculté des Sciences de l’Éducation de l’Université de l’État de Portland :
« Cette histoire vit en nous. Il y a cette mémoire, cette mémoire physique dont certains ont parlé. Elle vit au niveau des cellules – une mémoire cellulaire. »
La science de l’épigénétique décrit simplement ce qui peut arriver à un enfant dans l’utérus. Elle ne couvre pas le traumatisme qui peut être vécu dans l’enfance et à l’âge adulte.
Accepter le passé et l’histoire
Le but de parler des traumatismes historiques et de la façon dont ils se transmettent n’est pas d’encourager les Amérindiens à se sentir en détresse et désespérés, ni à se sentir comme des victimes permanentes. C’est plutôt l’inverse.
Nous encourageons les gens à composer avec leurs propres histoires, leur propre passé. Nous voulons chacun puisse s’offrir le pardon et la compassion.
À partir de ce moment-là, on peut vraiment commencer à guérir et à entrer dans une plus grande liberté, un plus grand espoir, une plus grande responsabilité de vivre différemment et mieux qu’avant.
Dr. Maria Brave Heart le soulignait :
« À notre avis, la guérison communautaire ainsi que la guérison individuelle et familiale sont nécessaires pour traiter de manière approfondie le chagrin historique non résolu et ses manifestations présentes. Le processus n’est ni rapide ni facile. Cependant, sans un tel engagement à guérir le passé, nous ne pourrons pas faire face au traumatisme qui en résulte et empêcher la poursuite de telles atrocités dans le présent. »
*Ce blog a été écrit par l’association Native Hope, partenaire de l’École indienne St Joseph du Dakota aux États-Unis. À l’instar de St Joseph du Dakota, Native Hope veut créer un avenir meilleur pour tous les Sioux Lakota. L’association utilise la narration pour surmonter les obstacles, apporter la guérison et inspirer l’espoir aux Amérindiens. Pour plus d’informations sur Native Hope, rendez-vous sur nativehope.org (site en anglais).
Native Hope se rend aussi régulièrement à l’École indienne St Joseph du Dakota pour parler à nos élèves. Par exemple, comment briser le cycle de la toxicomanie. Cliquez ici pour découvrir comment une ambassadrice de Native Hope a parlé aux enfants sioux lakotas lors de notre Marche annuelle pour la Sobriété.